BILLET CLOS LE 5 MARS 2013
Les habitants de la Vendée ne manquent pas d'appellations. Vus comme des hors-la-loi en 1793, on ne tarda pas à désigner ces "brigands" comme des "Vendéens", plutôt que comme des chouans. La confusion de ces termes est encouragée par le fait que Vendéens a rapidement désigné autant les insurgés des quatre départements situés au sud de la Loire, que les autres habitants de la seule Vendée administrative.
Or voici que Ventres-à-Choux s'est aussi imposé pour désigner les Vendéens.
Connaît-on les premières occurrences de Ventres-à-Choux ?
On imagine le lien du nom avec la culture du chou.
Des auteurs ont-ils déjà précisé les raisons de cette appellation ?
Du reste, s'applique-t-elle à tous les habitants de la Vendée administrative, ou seulement à ceux du Bocage ? Et du coup, du seul bocage départemental ?
Date de publication : 19 juillet 2012
Auteur du billet : Marie-Françoise Fonteneau
Liste des commentaires
Un petit tour sur le web ne renvoie, au plus tôt, qu'à quelques publications du début du 20e siècle et l'une d'entre elles note que cette appellation est également utilisée dans le Choletais :
Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l'Anjou ...: Volume 2 , par A. J. Verrier, R. Onillon - 1908
" Dans les garnisons, un conscrit du Choletais est généralement appelé : Ventre à choux "
La Revue du Bas-Poitou et des provinces de l'ouest , 1905
La fosse aux lions, par Émile Baumann - 1911.
A noter aussi que le journal de tranchée du 293e Régiment d’infanterie (20e compagnie) avait comme titre " Le Ventre à Choux ".
Dans "Les Vendéens des origines à nos jours" (Centre Vendéen des recherches historiques),Alain Gérard s'interroge:"C'est aussi l'époque ou,loin de se complaire dans l'immobilisme,les Bocains abandonnent la jachère annuelle ainsi que la culture du seigle et du mil.Défrichant les dernières landes,ils cultivent de plus en plus de froment,à grand renfort d'amendements calcaires et d'engrais chimiques.Surtout,ils développent les prairies temporaires et les légumineuses comme la betterave et le chou fourrager,qui permettent ,au prix d'une débauche de travail,une intensification jamais atteinte de la production.Est-ce depuis cette date que les Vendéens sont qualifiés de "Ventres à choux" ?
Toujours est-il qu'en 1882,ce sont eux qui, en France,en produisent le plus".
Pierre Rézeau signale dans le « Dictionnaire des régionalismes de l’Ouest » (1984) que l’expression « Vontre (sic) a beurre et choux gras » est attestée (avec probablement une valeur péjorative) vers 1673 dans les « Œuvres de Jean Drouhet, maître apothicaire à Saint-Maixent… » (Poitiers, 1878), sans s’appliquer toutefois aux Vendéens. Cordialement.
Merci vivement pour ces pistes intéressantes.
Les « Œuvres de Jean Drouhet » sont conservées aux archives de la Vendée sous la cote BIB 5 G 396. L’expression « Vontre a beurre et choux gras », citée page 207, est un titre de chanson à danser.
Le sobriquet péjoratif "Ventres-à-choux", employé pour désigner les Vendéens, serait donc une référence à leurs cultures, voire à leurs habitudes alimentaires (et thérapeutiques, comme on le lit parfois ?) Les recherches de M. Logeais nous ramènent au début du 20e siècle, c'est-à-dire à l’époque de l’émigration vendéenne vers les Charentes, la Dordogne et la vallée de la Garonne. Ce surnom pourrait-il traduire une attitude méprisante des populations locales à l’égard des nouveaux arrivants ?
Merci pour ces indications.
- A Mme Jauzelon : Ce patronyme est absent des principaux dictionnaires des noms de familles, une recherche sur la base "Noms de Vendée" (http://nomsdevendee.fr) donne toutefois plus de 800 résultats si on l'étend aux équivalents phonétiques (notamment à Vande). De nouvelles pistes peut-être ?
- A 00h20 : Une collection du périodique "Le Ventrachoux" semble conservée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de Nanterre (organisme rattaché à Paris X), en auriez-vous identifié d'autres ?
- Si l'on reparle de l'origine de l'expression "ventres-à-choux", peut-on étayer l'hypothèse du surnom péjoratif employé pour désigner les immigrés vendéens ?
Bonjour ou Bonsoir (c'est selon ...)
Deux explications possibles :
1 - appellation donnée aux Vendéens, en constatant qu'ils mangent du chou vert (aussi appelé "chou à vache"),
- soit par des migrants venus repeupler l'Ouest meurtri et en partie dépeuplée par la Grand' Guerre de 1793-1796,
- soit par les habitants des provinces avoisinantes où émigrèrent des vendéens pendant ou après la Grand' Guerre.
2 - appellation indiquant la façon qu'avaient les femmes de récolter les choux verts en formant une "dorne" avec leur "devanteau" (on en prend les coins du bas et on les remonte á la hauteur de la ceinture).
Cordialement
JP RAMBAUD
www.rembarre.fr
En recherchant sur Internet l'origine de "Ventre à Choux" en parlant des Vendéens; j'ai lu qu'ils avaient été appelés ainsi parce que, au cours des Guerres de Vendée, pour échapper aux Bleus, ils se tapissaient sur le sol, au travers des champs de choux et ainsi se dissimulaient à leurs vues d'où cette appellation.
Merci vivement à tous pour votre participation à ce débat.
Le sobriquet "Ventres-à-choux", employé pour désigner les Vendéens, serait donc une référence aux productions agricoles, voire aux usages des Vendéens au tournant du XIXe siècle. Les autres interprétations, faisant notamment référence à la période révolutionnaire, relèvent de la légende.
En effet, vos recherches nous ramènent au début du 20e siècle, à l’époque de l’émigration vendéenne vers les Charentes, la Dordogne et la vallée de la Garonne. Ce surnom pourrait alors traduire une attitude méprisante des populations locales à l’égard des nouveaux arrivants.
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