A l’automne 1795, les conventionnels s'inquiètent : conscients de leur impopularité grandissante, ils redoutent un coup de force royaliste, dont le sanglant affrontement du 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), à Paris, sera le dénouement.
C’est dans ce contexte qu’est organisé un dénombrement général de la population par la Loi sur la police intérieure des communes de la République du 10 vendémiaire an IV (Bulletin des lois n° 188) : « Il sera fait et dressé, dans chaque commune de la République, un tableau contenant les nom, âge, et état ou profession de tous ses habitans au-dessus de l’âge de douze ans, le lieu de leur habitation, et l’époque de leur entrée dans la commune ». Des modèles imprimés de ce tableau sont adressés aux officiers et aux agents municipaux chargés de ce recensement.
Le tableau de la commune de Vix a une particularité qui est signalée par un internaute. Le nom de certains habitants est suivi de la lettre "B", parfois corrigée en "O". Quel est le sens de ces annotations ?
Seuls les hommes semblent concernés. Quel est leur point commun ?
Une vingtaine de tableaux dressés dans d’autres communes ont été consultés sans que l’internaute n’ait pu retrouver ces annotations. En connaitriez-vous d’autres exemples en Vendée ou ailleurs ?
Consulter le dénombrement de population de Vix pour l’an IV
Date de publication : 03 juin 2015
Auteur du billet : Hélène Cerbelle
Liste des commentaires
Il faut aussi citer l'Ile-d'elle, où, en regard de la plupart des noms recensés en l'an IV, figurent ce B. L'île-d'elle devenue cne de Vendée qu'en 1793 a célébré en 1794-1795, les mariages religieux de plusieurs communes environnantes dont Vix, Velluire Gué-en-Velluire, Doix etc.. Alors "B" comme baptisés ?
Les annotations ne concernent pas que des hommes de plus de trente ans. On trouve des ados de 12-14 et 16 ans, des jeunes de 17-19-20 ans, quelques femmes dont une veuve de 40 ans et une autre de 41 ans, et des hommes jusqu'à 66 ans ( vieux pour la conscription !)
On peut donner libre cours à l'imagination : "B" comme "bourg" : étaient-ce des familles qui résidaient dans le bourg ? Parfois le "B" n'accompagne que le seul chef de famille.
"B" comme Bleu, nom que donnaient les chouans aux soldats des armées de la république (et à leur famille par extension).
Et le "O" ? D'ailleurs est-ce un "O" ou une rature ? Ce "O" est toujours en surcharge d'encre.
Pas simple.
L'affaire se corse singulièrement.
Il faut de l'imagination, à coup sûr, mais pour approcher d'une réalité qui, de vraisemblable, devra passer au stade de certaine.
Notons que le recensement de l’an IV n'a pas été suivi d'autres avant au moins 1806 et plus sûrement 1815/1816. Les listes en sont très rarement conservées, ce qui fait qu’on a pu se référer à celui de l’an IV très longtemps, mais pour quel usage ? Ce dernier n’est pas singulier et devrait donc finir par céder, puisqu’il a été repéré à Vix comme dans d’autres communes désormais grâce aux remarques de Marquet.
Si l'on doit abandonner effectivement la piste de la conscription, la piste religieuse ne paraît guère probable. On voit mal un prêtre avoir accès à ces listes aux archives de la mairie, c'est-à-dire souvent au domicile du maire, car les édiles ne regagneront les rangs des fidèles pour la plupart qu'une fois le concordat bien en place, et il n’y a aucune confusion des rôles. Le concordat n’exige du reste le baptême de personne
Le mystère reste entier.